Villainous, Nope-Yeah, Médiéval Pong et Las Vegas : les indiscrétions de chez Ravensburger

En début de mois, nous nous étions rendus sur Paris poser quelques questions à Arthur de Pins. Et l'on s'était dit, à temps qu'on y étais, qu'on aillait joindre l'agréable à l'agréable et taper un petit bonjour à notre ami JB de chez Ravensburger. Oui, parce que figurez-vous que le même jour (enfin, la même semaine), il y avait le showroom annuel parisiannien Ravensburger. Et l'ami JB nous avait livré quelques indiscrétions ludiques pour l'année 2019, que je m'en va vous conter ici.

Sandwich au corbeau

Ravensburger, pas la peine de le présenter. Dans la tête du grand public, la majorité large de toute le monde, la mystérieuse Madame Michu et toute sa clique, c'est un éditeur de jeux que l'on voit dans les catalogues, et de puzzles, plats ou en 3D, avec peu de pièces ou 1000 pièces bleues identiques représentant la mer. Ils ont d'ailleurs un super département Puzzle sur lequel on se penchera peut-être un jour car il y a de la curiosité à piocher là-dedans. Et si je devait vous citer un exemple, je reparlerai par exemple du fort innovant et surprenant concept des Escape Puzzle dont on a déjà causé ici.Dans la tête de cette même armée de Madames Michu, c'est aussi un nom que l'on retrouve sur des boîtes de jouets. Ceux-ci peuvent être de type loisirs créatifs (mandalas, machines à badges et autres dessins à la lumière), de livres interactifs variés et bien foutus (l'étonnante gamme Tiptoï), ou encore de beaux objouets ludiques comme les Gravitrax dont nous parlions il y a peu ici.Dans la tête des gros joueurs core qui s'y connaissent en kubenbois trapus, Ravensburger c'est aussi Aléa, et sa cohorte de Puerto Rico, Notre Dame et autres Châteaux de Bourgogne. Mais dans l'esprit des joueurs amateurs, ceux qui aiment et connaissent le monde ludique, qui ont développé le goût d'une certaine exigence, mais qui ne veulent guère passer plus d'une heure et demi de sueur de crâne autour d'un jeu, Ravensburger, ils pensent que ce n'est souvent pas pour eux. Et c'est à tort, car l'éditeur teuton a su prouver ces derniers temps qu'il avait de la suite dans les idées un peu folles. En témoignent divers projets étonnants, inattendus, ou plus simplement intelligemment rafraîchis qui démontre l'envie de Ravensburger de proposer du ludique croustillant au public moderne.Faisons donc un petit tour de quelques projets à venir, démontrant l'énergie agréablement développée par Ravensburger pour se renouveler et contenter de nouveaux publics variés (et encore, je vous en garde sous le coude, car je ne peux pas encore parler du fascinant projet en partenariat avec censuré).

Les lumières de Vegas

Plus tôt cette année sortait la réédition en pitite boîte de Las Vegas. Cette ressortie rhabillée du jeu de pari, prise de risque et majorité par pose de dés a su visiblement toucher son public, puisque Ravensburger proposera sous peu une boîte d'extension plus petite encore. Celle-ci est néanmoins bien remplie, puisque pour une dizaine d'euros, on y retrouvera une demi-douzaine de modules variés, extensions passées remises au goût du jour.Pêle-mêle, on trouvera dans More Ca$h More Dices le matériel pour un sixième joueur, un gros dé pour modifier les majorités, une couleur servant à virer les autres, des petits pouvoirs pour transgresser les règles, ou encore de l'argent secret face caché. Chaque module sera décrit dans les règles avec sa spécification quant à la quantité de chaos ou de contrôle qu'il altère. Tous les publics y trouveront donc leur pain béni, suivant que l'on préfère surfer sur le hasard, ou contrôler ses possibilités et transgresser avec ses résultats de dés. À moins que l'on ne soit touché par la grâce des esprits et que l'on ne se contente de crier Heloooooo-oooo-oooooo.

Niwi - Ninan

Dans cette même gamme de petites boîtes, on découvrira aussi bientôt Yeah/Nope, un jeu de questions indiscrètes dans la veine d'un Privacy. L'on aura cette fois non pas à poser une question, mais choisir une petite carte annonçant un truc inavouable que l'on avouera, de fait, à tout le monde (mais bon, on va tous faire pareil, alors c'est moins grave). A cette proposition de type "j'ai déjà maté un voisin ou une voisine sous la douche", les autres joueurs sortiront une proposition de complément par le truchement d'une carte, tel que "et j'en suis fier/fière" ou "et j'ai toujours la photo".À chacun de voter pour son accord ou non avec la réponse choisie, ceux qui auront voté juste pourront donc creuser plus loin ou gagner des points. On est donc dans le potache -16 gentil, pour se marrer avec ses potes ou en découvrir de nouveaux, avec une petite mécanique rien qu'a soi, invitant à une ambiance de révélations marrantes. Ce qui est véritablement étonnant, c'est de voir Ravensburger s'ouvrir à ce type de public et de jeu.Ajoutons la petite innovation, purement kinesthésique et esthétique (mais j'avoue que j'aime beaucoup). Dans Yeah-Nope, c'est le couvercle de la boîte qui sert de support de réponse au joueur révélant une indiscrétion. Celui-ci répond à la proposition des autres joueurs par une "Yeah" ou un "Nope" de bon aloi, en glissant sa main sur des petites perles plates biface qui changent de couleur, fonction de si elles glissent côté pile ou côté face. Ça n'a aucun sens à expliquer, mais c'est nettement plus clair à montrer (with a very très american advertise) :

Et deux perles de plus

Concluons cet article de teasing en teasant encore plus (c'est-à-dire en donnant encore moins d'infos, paradoxe d'un mystère étrange). Parce que parmi les nouveautés Ravensburger qui approchent à grand pas de loup de sept lieues, il me reste deux jeux sous le coude que je développerai plus après et en détails dans des articles individuels.L'un d'entre eux est l'agile et néanmoins tactique Médiéval Pong. Un petit jeu très Horrible Games dans l'esprit, avec toute une histoire et une évolution que j'ai pu suivre en toute discrétion depuis presque un an, et duquel j'ai hâte de vous parler. On entre là dans la catégorie des jeux farfelus aux idées neuves et inattendues comme j'apprécie fortement. En sus, Médiéval Pong est une création on ne peut plus française (ce qui est rare pour l'éditeur outre-rhin), identité créative dont on appréciera notamment la direction artistique, où le trait de Pauline Détraz sublime ce petit jeu d'une plume rarement vue chez Ravensburger.Le second est le deck-building ayant retentit dans les couloirs de la Gen Con cet été, le maléfique Villainous. Je n'ai pu tenter qu'une moitié de partie, mais je peux déjà vous faire saliver que l'on se retrouve face à du BON et BEAU deck-building. La mécanique est fraîche, vive, intéressante, renouvelée, profonde et accessible à la fois, et saura ravir les amateurs du genre ludique. Thématiquement, je ne suis pas vraiment disneyphile, mais force est de constater que, sans conteste, c'est beau (les graphismes des dessins-animés sont véritablement bien exploités, ça claque !), et l'on se prend en fait très vite au jeu, l'un ou l'autre méchant ou univers sachant faire raisonner quelque chose au fond de son âme de madeleine de grand enfant proustien. Un jeu qui mérite d'en parler plus en détails dans un article plus vaste, d'en faire quelques géniales parties de plus, et vous dévoiler quelques secrets quand le moment sera venu...